La retraite par capitalisation fonctionne sur le principe de l’accumulation par les travailleurs d’un stock de capital qui servira à financer les pensions de ces mêmes travailleurs devenus inactifs.
Dans le discours politique, on l’oppose fortement au concept de retraite par répartition, bien que l’opposition ne soit pas aussi absolu, ni en théorie, ni en pratique (les systèmes réels comportant généralement une part des deux).
Fonctionnement
La retraite par capitalisation est provisionnée. Les sommes mise en réserve hier financent les pensions d’aujourd’hui, et celles d’aujourd’hui financeront les pensions de demain. Cependant, ce schéma de principe est modifié par le fait qu’en régime permanent, pendant qu’un sou rentre (théoriquement pour constituer un captital pour celui qui le verse), un autre ressort (pour payer la pension d’un précédent cotisant), et que les trois sous (de la cotisation, du capital et de la pension) sont équivalents ; comme dans les autres formes d’assurance, donc, l’essentiel des pensions est payé par les primes immédiatement encaissées, le capital servant de garantie ne variant qu’à la marge (il change cependant progressivement de main, du pensionné vers le souscripteur).
La gestion de la retraite par capitalisation a toujours une forte composante collective : de par son importance sociale et le montant considérable des sommes en jeu, les différents acteurs du marché sont soumis à des réglementations et des contrôles spécifiques importants.
- le cadre général peut être individuel (chaque individu gère son capital-retraite) ou collectif (l’État, l’entreprise ou un organisme spécialisé, appelé fonds de pension, collecte et gère les sommes épargnées) ;
- le système peut être libre ou (en partie) obligatoire.
La retraite par capitalisation a pour objectif d’assurer à chaque génération des revenus. Ces derniers peuvent être proportionnels aux montants épargnés et à la rentabilité des placements faits, dans le cadre d’une capitalisation à cotisations définies, avec un aléa sur le revenu constitué. Ils peuvent être certains dans le cadre d’une capitalisation à prestations définies, faisant supporter le risque de marché sur un tiers tel qu’un assureur.
Pour éviter que certains actifs ne se constituent aucune épargne, un niveau minimal d’épargne retraite est rendu obligatoire dans la plupart des pays. Pour éviter les comportements non optimaux des agents à rationalité limitée, cette épargne peut être fiscalement encouragée.
L’incitation fiscale (ou d’autres mesures équivalentes) peut en outre servir à organiser une forme de redistribution, par une aide d’état ciblée sous conditions de ressources.
Une partie des revenus du futur retraité est épargnée dans le but de constituer un capital pour le moment où il décidera de ne plus être actif.
La forme de cette épargne peut prendre différentes formes :
- patrimoine géré par l’individu : dépôts bancaires (compte titres,…), bien immobilier (logement),…
- épargne confiée à des gestionnaires : assurance vie ; fonds de placement ; fonds de pension,…
Lorsque le travailleur prend sa retraite, deux possibilités principales sont offertes :
- le retraité reçoit les revenus de son capital, et rachète (désépargne) progressivement son capital pour faire face à ses besoins. Dans ce cas, si la mort intervient avant l’épuisement du capital, le capital restant sera reversé à ses héritiers. Dans le cas contraire, le retraité se retrouve sans ressource, et devra être secouru par la solidarité familiale ou pris en charge a minima par l’État ;
- le capital (ou une partie de ce capital) est transformé en rente viagère : un revenu fixe, indexé ou non sur l’inflation, est versé au retraité jusqu’à son décès. Ce mécanisme donne plus de sécurité au retraité, car il lui assure de bénéficier d’un revenu jusqu’à la fin de ses jours, quel que soit l’âge de ce décès. En contrepartie, le capital utilisé pour mettre en place la rente viagère n’est pas reversé aux héritiers. Ce système de mutualisation des risques permet de faire face efficacement à l’incertitude sur l’espérance de vie.
Sensibilité aux aléas du marché financier
Selon les tenants de la retraite par répartition, la capitalisation est sensible aux crises financières : schématiquement, si la bourse baisse, ou si l’économie s’effondre (crise, guerre, modification du régime) le capital qui devait payer la retraite disparaît, et la pension avec lui.
Cependant, la sensibilité est différente selon que le système fonctionne à « cotisations définies » ou à « prestation définie ».
Dans le premier cas, le niveau de pension est constaté au moment de la liquidation de la retraite et peut varier en fonction de la valorisation de l’investissement ; pour éviter trop d’aléa, le gestionnaire peut assurer une pension minimale (notamment lorsque la date de la retraite approche) en investissant dans des sources de revenus réputées sûres et stables, tels que des emprunts d’état, et pour donner plus de rentabilité (avec une part décroissante quand on se rapproche de la date de retraite) investir dans des placements en actions ou parts d’entreprises.
Dans le second cas, ce sont les cotisations qui varient, et le gestionnaire qui prend un risque. La pension est normalement garantie, mais le gestionnaire peut faire faillite si, par faute ou à cause de la conjoncture économique, le montant des sommes demandées à l’épargnant s’avère insuffisant, ce qui rend irréalistes les montants de pensions promises. Une caisse de retraite par répartition encourt le même type de risque pour la même raison (pensions trop généreuses par rapport aux actifs).
En pratique
La retraite par capitalisation, qui était très répandue dans la première partie du XXe siècle, a été pratiquement anéantie par la crise et les guerres et remplacée par la retraite par répartition pendant les années 1930 et 1940 en France (1941) et dans les pays de l’Europe continentale en général.